Débat dans le cadre du Cycle de Conférences "Voyage dans le village du monde avec Pr. Louis Baeck", organisé en collaboration avec Pr. Dirk Heremans.
Mardi 27 mars 2018 à 16h30 : Débat (F/N) : "Religion (Islam) et pensée économique dans la Région méditerranéenne (histoire)".
(en relation avec le livre de L. Baeck: “The Mediterrean Tradition in Economic Thought” (1994) )
Modérateur: Marc Franco: "Présentation de l'analyse du professeur Baeck de la pensée économique méditerranéenne et atlantique".
Intervenants:
• François de Callataÿ (ULB, EPHE Paris): " L’économie gréco-romaine aux sources de l’économie du monde musulman ? La théorie et la pratique ".
• Jean-Philippe Platteau (Université de Namur): " Doctrines religieuses et réalités politiques: Islam et Protestantisme "
• Emilio Platti (KU Leuven, IDEO Le Caire): " Pensée islamique et Islam politique (avec référence spéciale au cas de l'Egypte) "
Le professeur Louis Baeck situe la pensée économique de l’Islam dans la « tradition méditerranéenne » où l’organisation de la société et l’économie sont subordonnées aux normes éthiques et à la solidarité sociale. Cette approche de la pensée économique est contraire à la « tradition atlantique » qui déplace le principe normatif vers la maximisation de l’utilité de l’individu : le « homo economicus ». Depuis les années 70 il y a une renaissance de la pensée économique dans le monde islamique. De même, dans la science économique occidentale il y a une attention accrue pour une approche socio-éthique. La même évolution caractérise la pensée économique en Russie où des valeurs sociétales sont opposées á l’individualisme et le matérialisme occidentales. Ceci amène à poser un certain nombre de questions intéressantes :
- Quelle est l’importance de cette tradition méditerranéenne pour le développement de la science économique occidentale ?
- Dans quelle mesure la pensée économique islamique détermine effectivement la politique des pays islamiques ?
- La politique économique inspirée par la pensée économique islamique, mène-t-elle à de meilleurs résultats socio-économiques ?
- La pensée économique islamique, évolue-t-elle sous l’influence de l’évolution des relations économiques internationales (p.ex. en ce qui concerne la question de l’intérêt) ?
Marc Franco est membre associé principal dans la « Europe dans le monde » programme EGMONT (Institut royal des relations internationales) et membre du conseil consultatif du conseiller diplomatique Bozar pour la coopération culturelle avec la Russie, ex-républiques soviétiques et au Moyen-Orient. Après ses études en économie à l'Université catholique de Louvain (1969), il a travaillé comme assistant pour la planification et l'économie de croissance du développement à l'Institut pour les pays en développement de la KU Leuven (prof. L. Baeck).
François de Callataÿ est spécialisé dans l'économie monétaire du monde gréco-romain, une région qu'il enseigne à Paris (École pratique des hautes études) et Bruxelles (ULB). Lauréat du Prix Francqui 2007 et membre de diverses académies au pays et à l'étranger, il a publié plus de 20 livres et 300 articles. Chef de département à la Bibliothèque royale de Belgique, il est également le président du Collège Belgique.
Jean-Philippe Platteau est professeur émérite de l'Université de Namur et rattaché au CRED (Centre de Recherche en Développement Economique). Ses recherches portent principalement sur la compréhension du rôle des institutions dans le développement économique et le processus de changement institutionnel. Il est l'auteur du livre Gender and Development (Oxford University Press), et le livre Is Islam a Special Problem? Exploring the Link between Religion, Politics and Development (Cambridge University Press).
Emilio Platti est professeur émérite d'études arabes à la KU Leuven. Il est membre de l'Institut dominicain d'études orientales au Caire. Il est l'auteur du livre "Islamisme". Dès 1992 ses recherches et son enseignement s’orientent vers les sources du radicalisme islamique contemporain, et il analyse les évènements en Égypte et les révolutions de 2011 à 2013, dont il est un témoin direct.
Débat suivi d'un "walking cocktail".