Jangoux, M. (2017) Voyage en Polynésie (1847-1850). Le bestiaire oublié du capitaine Noury. Academie Royale de Belgique.
En 1846, à Brest, Charles Noury, capitaine de frégate et amateur de sciences naturelles, s’embarquait sur la Sirène comme second du commandant Lavaud nommé gouverneur des établissements français d’Océanie. Pendant la durée du gouvernorat (1847-1850), Noury remplacera Lavaud aux commandes de la Sirène restée en station en rade de Papeete (Tahiti). Il s’y morfondait. C’est de cette inactivité, jointe à la passion naturaliste de Noury et à sa rencontre avec un peintre de talent, toujours inconnu à ce jour, qu’est né le « Bestiaire polynésien ».
Pendant quelque trois années, principalement à Tahiti, mais aussi aux Marquises, Noury et son peintre s’attachèrent à répertorier, commenter et illustrer les animaux qu’ils observaient. Des mammifères aux poissons, des insectes aux mollusques, aucun ne semblait devoir leur échapper. Riche de descriptions naturalistes et d’anecdotes insulaires, le texte de Noury est illustré de près de 400 planches aquarellées dont la beauté égale la précision ; la plupart ont gardé leur fraîcheur d’origine. Noury et son peintre ont fait un travail de pionnier : se basant sur les classifications de l’époque ils répertorièrent des centaines d’espèces dont plusieurs dizaines étaient, sans qu’ils le réalisent, encore inconnues de la science d’alors. Plus qu’un simple bestiaire, c’est un essai de faune qu’ils nous ont laissé. Ils élaborèrent ainsi, dès le milieu du XIXe siècle, un ouvrage s’intéressant à l’ensemble du règne animal dans une région singulière de l’Océan pacifique.
On disait Noury modeste ; il était aussi discret. Il ne parlait guère de son œuvre et nul ne sait ce qu’il en advint après sa mort. Sans doute resta-t-elle dans la famille, le temps de quelques générations, pour aboutir chez un marchand parisien où un amateur de sciences naturelles d’antan la rencontra. C’est ainsi, après plus de 160 ans, que le bestiaire de Noury retrouva enfin la lumière.
La mission de cette édition est triple : révéler l’existence d’un document animalier inconnu datant du milieu du XIXe siècle et le replacer dans son contexte historique ; le mettre en conformité avec les connaissances zoologiques actuelles ; l’ouvrir au plus grand nombre.